Un point sur la situation en France

manif pour tous répression

Ça y est, la « loi Taubira » accordant le droit de mariage aux couples homosexuels est passée, et dans un même temps, le droit du travail connait une des pires attaques qu’il ait subi dans les dernières décennies avec l’ANI (accords écrits par le MEDEF, signés par le PS). Le climat qui règne dans l’état français mérite donc quelques éclaircissements et réflexions car la logique de l’époque entraine une série d’évènements qui aura des conséquences graves sur nos vies.

Tout d’abord, concernant le mariage homosexuel. C’est bien sûr une cause à défendre, sur des bases claires et simples: il n’est pas question de renforcer l’institution du mariage, qui doit être naturellement critiquée (à ce sujet, les réactionnaires ont beau jeu de défendre le « mariage traditionnel » qui institutionnalise le patriarcat et qui de toute façon recoupe à l’heure actuelle des réalités très variées). Pour autant, le mariage pour tou-te-s signifie l’égalité des couples reconnue dans la société, notamment sur le plan économique. C’est un pas en avant important pour combattre les divisions dans le peuple. Et pourtant! Cette question, instrumentalisée par la bourgeoise, a servi non pas à mobiliser sur des thèmes progressistes mais à diviser encore plus, à faire ressurgir l’homophobie de masse des classes dominantes.

Le processus est simple: actuellement, dans une phase d’effondrement progressif du système économique capitaliste, la bourgeoisie – de droite comme de gauche – n’a plus aucun rôle social positif pour les classes populaires. Il est probable que le PS ait voulu « bien faire » avec cette loi, mais sa gestion désastreuse du processus en a fait un exutoire pour les homophobes (pouvait on attendre autre chose du PS?). Ceux ci se victimisent constamment. Alors qu’ils ont organisé des manifestations de masse allant de la frange conservatrice de la grande bourgeoisie jusqu’aux néofasciste « révolutionnaires », dont les débordements ont donné lieu à une passivité étrange des forces de répression, ils crient au scandale et à la « dictature socialiste ». Le PS et ses défenseurs servent d’idiots utiles à une sinistre farce, avec la radicalisation de la bourgeoisie conservatrice qui voit de plus en plus le fascisme comme une option envisageable. Les quelques dispersions par les CRS opérées contre les « manifs pour tous » sont d’une mollesse hallucinante pour toute personne ayant participé à un mouvement social, pendant lesquels l’état blesse, emprisonne, humilie voire assassine. Normal: les forces de police sont dans le même camp que le lobby bourgeois Ichtus ou que l’institut réactionnaire Civitas. L’ordre du jour pour ces gens là, c’est la prise de pouvoir, l’organisation de l’insurrection, de la révolution conservatrice, et les « forces de l’ordre » ont un rôle à y jouer.

Car dans le même temps, la bourgeoisie « progressiste » (enfin, socialement), c’est à dire le PS, assume en fait un rôle de restructuration du système économique, avec les politiques d’austérité et les accords comme l’ANI, qui contente seulement une partie des classes dirigeantes mais ne vas pas assez loin pour une autre. En bref, avec le PS, les plus réactionnaires ont peur de voir le système se fissurer, de voir les contradictions apparaitre au grand jour. Ainsi dans les manifestations homophobes, on a des slogans comme « CRS en banlieue », « la police avec nous », « dictature socialiste »… Cela témoigne d’une volonté répressive incroyable, seule la mobilisation pour empêcher d’autres personnes d’avoir des droits égaux serait justifiée! N’oublions pas non plus le rôle de l’église et des pontes de l’armée dans l’organisation de ces démonstrations de force. Les choses sont de plus en plus claires… Et quand les sociaux-démocrates radicaux du Front de gauche demandent une timide amnistie des militants condamnés lors de mouvements sociaux, le PS emboite le pas à la réaction en se scandalisant. Ses représentants disent que cela « légitimerait les violences« . L’ex-premier ministre Raffarin (UMP) dit également qu’une amnistie donnerait « le sentiment qu’il n’y plus d’autorité, de respect du bien commun, du bien de tous, y compris de l’entreprise« .

Mais oui, Jean-Pierre, c’est exactement ça! Ton respect de l’autorité et du bien de tous incarné par la défense ultra-autoritaire du « bien de l’entreprise », bref du rapport de classe en faveur de la bourgeoisie, que tu incarnes comme Montebourg, les ouvriers n’ont ont plus rien à carrer! Et avec l’ANI qui passe, ils ont raison de se révolter, c’est légitime de s’en prendre à la sacro-sainte entreprise patronale (construite pas qui? Fonctionnant grâce à la force de qui?). Et dans le même mouvement, il est logique et légitime de poser la question du pouvoir, de la propriété collective des moyens de production, qui est la seule voie possible de sortie de la crise, contrairement à ce que martèlent nos dirigeants… Et quand les CRS gazent les travailleurs, on sait de quelle côté est la violence!

D’autre part, on peut s’étonner de la passivité de certaines parties de « l’extrême gauche » (on se comprend) refusant de défendre clairement un camp et d’agir pour défendre une stratégie révolutionnaire. Avec par exemple des articles comme celui de Rebellyon – un média faisant pourtant un très bon travail sur certaines questions – annonçant une « défaite des homophobes » (on croit rêver…) où celui de Voie Lactée profitant de la question avec un opportunisme désespérant pour tacler le silence des médias progressistes (quand on refuse d’avoir une pratique et qu’on se contente de faire de l’arrière-gardisme médiatique ou culturel, ce n’est pas très difficile). La situation explosive d’aujourd’hui nécessite le développement de solidarités à la base pour construire sans concessions nos analyses et nos organisations.

Car en face la bourgeoise s’organise vite: les médias ont très peu relayé les menaces de mort envoyées à différentes personnalités par le groupe « interaction des forces de l’ordre », dénonçant un supposé « complot stalinien »… L’extrême droite suit la même pente puisqu’elle est objectivement et au quotidien du côté du système en place, contre les combats des classes populaires, pour ceux des classes dirigeantes. Et que ses factions luttent pour gagner en crédibilité et être soutenues par ces mêmes classes.

Pour ne pas être dépassés, il n’y a donc pas de temps à perdre: aucun espoir ne peut être placé dans le PS et ses soutiens, ni dans le jeu parlementaire ou les mobilisations réformistes défaitistes. Il faut rompre avec les vieux schémas de la social-démocratie et du simple syndicalisme économiste pour renforcer les organisations et réseaux de classe capables de mener une lutte radicale, avec un but clairement défini, révolutionnaire.

D.

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2 commentaires pour Un point sur la situation en France

  1. blackmetalnow dit :

    Tous les mensonges que l’on voit sur le net, sont impressionant et cela reflette la culture des gens, adopté ne veut pas dire entré en vigueur, le mariage pour tous est en analyse au CC. Il y a rien de gagner. Ce n’est que au moment de la promulgation que la loi entre en vigueur, pour le moment elle n’est qu’au stade de prototype, car il se peut qu’elle retourne devant l’assemblée national et le sénat pour la rendre conforme à la consitution si le CC juge nécessaire.
    Quant à l’ANI on entend tous et rien ces derniers jours, mais il faut avoir pied sur terre, ce n’est pas le patronat qui fait tourner l’usine ou les commerces. Puis l’ANI est bloqué au niveau du sénat en ce moment !

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